Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manifeste sur toute l’histoire de la question. La chimie est pleine de catalyses. Déjà Berzélius avait remarqué que, dans les organismes vivants, ce sont toujours des actions catalytiques qui assurent la satisfaction des besoins biologiques dans le temps et dans l’espace, et le grand physiologiste Karl Ludwig voyait, dans les phénomènes catalytiques, la partie principale de la chimie physiologique. On a remarqué aussi que la préparation des produits chimiques, inorganiques et organiques, recourt partout à des moyens catalytiques. Ne citons, en chimie minérale, que la fabrication de l’acide sulfurique : le corps catalyseur est le bioxyde d’azote dans la méthode ancienne, le platine, dans la méthode nouvelle. Parmi les nombreuses catalyses de la chimie organique, signalons l’action du chlorure d’aluminium dans la réaction de Friedel et Crafts, qu’on a pu comparer au « Tischlein-deck-dich » (table, couvre-toi) du vieux conte allemand, tant elle facilite la formation de corps, qui, sans cela, seraient extrêmement difficiles à obtenir. Les anciennes industries domestiques, la boulangerie et la brasserie entre autres, reposent également sur des actions catalytiques, nous l’avons vu pour la brasserie à propos de la fermentation. Bref, de quelque côté que nous nous tournions, nous rencontrons des phénomènes catalytiques.

La science n’a guère cherché à expliquer ces faits, si importants et si nombreux qu’ils soient.