Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/302

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ment, dans chaque cas particulier, les conceptions auxquelles on peut songer doivent être comparées à l’expérience qui, seule, fixe les valeurs numériques, et appuie sur des chiffres les vues théoriques.

La réponse à la première question paraît au premier abord un peu délicate. Il nous semble difficile d’admettre, par exemple, qu’une solution sucrée se décompose d’elle-même, si peu que ce soit, en alcool et acide carbonique, et cependant je n’hésite pas un instant à dire : si, pour déceler de faibles quantités d’alcool, nous possédions quelque jour un réactif mille ou cent mille fois plus sensible que nos réactifs actuels, nous pourrions montrer la présence de l’alcool dans une solution sucrée quelconque, prise dans des conditions convenables, sans l’action du ferment. Cette conviction tient surtout à la conception à laquelle nous conduisent des considérations générales d’énergétique, à savoir que, dans un système homogène, toute réaction possible se produit effectivement, bien que ce soit le plus souvent avec une vitesse si faible, qu’elle n’est pas mesurable. Pour donner un exemple des vitesses avec lesquelles on peut et on doit scientifiquement compter, revenons encore à l’inversion du sucre. Elle se produit d’autant plus lentement que l’acide est plus étendu, ou, plus généralement, que la concentration de l’ion d’hydrogène dans l’eau est plus