Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/303

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petite. En outre la vitesse augmente très vite avec la température ; en chiffres ronds, elle double pour une élévation de température de 10°. Au cours de certains travaux, on a étudié des réactions dans lesquelles il fallait vingt-quatre heures pour obtenir une inversion mesurable, le liquide étant maintenu à 100°. Si le liquide était à 0°, la vitesse serait 210 fois moindre. On ne pourrait observer une réaction mesurable qu’au bout de mille jours, c’est-à-dire dans le courant de la troisième année. Dans la plupart des cas, nous n’avons aucune idée de ce que devient un corps ou un mélange de corps donnés au bout de deux ou trois ans, ce n’est pas la peine d’insister là-dessus devant des chimistes. Le plus souvent nous ne connaissons que ce qui arrive au bout de quelques heures ; il est déjà exceptionnel que l’observation atteigne quelques jours, et la limite pratique de nos connaissances ne dépasse pas quelques semaines.

Il n’y a donc aucune difficulté de principe à concevoir toutes les réactions possibles comme des réactions effectives. On a pu, il est vrai, soutenir à l’occasion que certains cas, où les réactions sont lentes, sont séparés par une limite bien tranchée des cas où il y a équilibre, et, pour exposer les conséquences de cette supposition, on a même édifié d’élégantes théories mathématiques. Mais l’étude expérimentale des exemples qui devaient l’étayer a prouvé que cette affirmation était insou-