Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/308

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et tous les événements naturels sont entachés d’irréversibilité.

Toutes les réactions chimiques sont des phénomènes de dissipation. Pour elles aussi, au point de vue énergétique, le résultat final est fixé sans ambiguïté, si le système est complètement défini ; il n’est est pas de même pour la voie par laquelle ce résultat final est atteint, et encore moins pour la vitesse avec laquelle le système s’en rapproche. Ici interviennent des lois, qui sont indépendantes des deux principes de l’énergétique. Une théorie très générale de ces phénomènes a été donnée par J. Fourier (1768-1830) dans sa Théorie de la conductibilité calorifique ; plus tard, G.-S. Ohm et A. Fick ont établi que la même théorie convient aux phénomènes de conduction électrique et de diffusion. Mais on ne peut pas l’appliquer directement aux phénomènes chimiques, parce qu’elle suppose que, pendant l’établissement de l’équilibre, le phénomène se produit dans l’espace, et que le cas le plus important en chimie, celui d’une réaction en solution homogène, se produit ou tout au moins peut se produire sans aucune modification dans l’espace. On peut toujours considérer la théorie générale qui vient d’être esquissée pour la vitesse des réactions comme une traduction de la théorie de Fourier ; les réactions chimiques représentent même le cas le plus simple et le plus typique des phénomènes