Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/311

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elles se présentent comme des exceptions, dont la production exige certaines conditions spéciales.

L’idée d’expliquer les réactions catalytiques par des réactions intermédiaires s’est fait jour bien avant la notion de catalyse elle-même. Elle constitue la première théorie convenable, proposée il y a cent ans pour expliquer la formation de l’acide sulfurique. Tout d’abord on avait fabriqué l’acide sulfurique en distillant le vitriol de fer à une haute température. On savait bien que, si on dissolvait dans de l’eau l’acide sulfureux obtenu en brûlant du soufre, cette solution se transformait peu à peu en une solution d’acide sulfurique, mais cela se passait si lentement qu’on ne pouvait pas prendre cette réaction pour base d’un mode de préparation technique. L’histoire n’a pas conservé le nom de celui qui, le premier, eut l’idée d’emprunter au salpêtre l’oxygène nécessaire à l’oxydation du soufre. On ne l’aurait même pas regardé comme très avisé, à cause du prix élevé de cet oxygène. Néanmoins l’essai fut fait, et donna de l’acide sulfurique en quantité beaucoup plus grande et plus rapidement. On remarqua en outre qu’il suffisait d’une quantité de salpêtre bien inférieure à celle qui correspondait à l’oxygène dont on avait besoin, car la réaction marchait déjà avec un faible pourcentage. Ainsi, l’industrie de l’acide sulfurique se développa bientôt, basée sur une réaction incomprise. En 1806, dans un travail magistral, Clément