Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/319

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sophiques contemporaines qui la concernent, mais elle s’inquiète peu de les faire évoluer dans le sens du mouvement philosophique. La science se trouve ainsi relativement en retard sur la philosophie qui, à un autre point de vue, est en retard sur la science. Les principes de diverses sciences en subissent le contre-coup. Ce n’est pas naturellement dans les mémoires qu’on peut observer ce fait, mais dans les introductions des traités. Par exemple, les vénérables qualités premières et secondes de John Locke jouissent encore aujourd’hui d’une retraite paisible dans les traités de physique.

D’après la loi de Dalton, dans un mélange de gaz, chacun d’eux a les mêmes propriétés que s’il occupait seul le volume du mélange ; en d’autres termes, les gaz se pénètrent sans se gêner ni s’influencer mutuellement. En dépit de cette loi, il n’est pas un auteur de traité de physique qui n’ait soin d’enseigner dans le premier chapitre de son ouvrage que l’impénétrabilité de la matière est un principe absolument général.

Sous l’influence de la loi de la gravitation de Newton à laquelle se joignit, à la fin du xviiie siècle, la loi de la conservation de la masse dans les réactions chimiques, le concept de matière a pris forme, support doué de masse et de poids de tous les phénomènes naturels.

La science ancienne avait, à côté de la matière