Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/330

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forme, l’idée suivant laquelle la chaleur ne disparaît pas purement et simplement, comme elle fait en apparence dans la fusion et la vaporisation. Ces chemins de traverse étaient nécessaires à la Physique ancienne, qui ne connaissait pas la conservation de l’Énergie, mais on les a conservés involontairement après la découverte de cette loi. On voit maintenant sans difficulté que la chaleur disparaît si la quantité équivalente d’Énergie est employée à un changement d’état : fusion ou vaporisation.

La locution « Énergie potentielle » exprime une dangereuse idée fausse. Elle nous empêche de concevoir la réalité d’autres formes de l’Énergie que l’énergie de mouvement. La faute en est due à un fait sans valeur intrinsèque : on peut voir le mouvement d’un corps pourvu d’énergie cinétique ; cela suffit à nous convaincre de sa présence sans avoir recours à d’autres preuves. Mais on peut sentir la présence d’énergie calorifique, voir qu’il existe de l’énergie lumineuse ; on fait l’épreuve de toute forme de l’Énergie sur un organe sensoriel, directement ou indirectement, et on trahit ainsi sa présence. Une énergie qui ne pourrait impressionner d’aucune manière les appareils de nos sens demeurerait éternellement inconnue ; elle n’aurait pas de place dans notre conception de l’Univers. Donc l’énergie cinétique n’est pas plus actuelle ou réelle que tout autre mode de l’Énergie, et si de l’Énergie passe d’une forme à une autre forme, la première