Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/335

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au bout de quelque temps, la justesse et l’importance de la loi de la conservation de l’Énergie, on s’inquiéta peu des idées générales qui avaient amené Mayer à l’extension de sa loi. On a vu précédemment que c’est le besoin de trouver dans les « forces » quelque chose de réel et de substantiel qui le conduisit à sa théorie si féconde. Même aujourd’hui, des auteurs partisans de l’importance du concept d’énergie montrent quelque inquiétude à considérer simplement l’Énergie comme une substance et à lui reconnaître une réalité au moins égale à celle de la Matière. On retrouve toujours la tendance à ne voir dans l’Énergie qu’une abstraction, une fonction mathématique douée de la propriété de conserver sa valeur dans toute transformation. Nous touchons ici à une confusion qui provient d’une particularité de toutes les langues européennes ; on ne saurait trop être en garde contre elle, car sa fréquence est la preuve de la facilité avec laquelle on y tombe. C’est l’habitude verbale de désigner par le même mot le concept général et l’objet concret correspondant.

Par exemple, la « Musique » est l’art d’assembler les sons de manière esthétique ; mais nous appelons aussi du même nom chaque réalisation particulière où la méthode générale est mise en pratique. De même, l’Énergie en général est la fonction de grandeurs mesurables qui se conserve en toute circonstance ; nous donnons le même nom