Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/336

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à toute valeur particulière de la fonction qu’on observe dans la nature. Ceux qui refusent la réalité à l’Énergie ont devant les yeux le concept général qu’on ne peut, à cause de sa généralité, déterminer par une particularisation superflue. Ils oublient que le mot Énergie s’applique en même temps à toute réalisation concrète de la fonction générale. Quand une chose est mesurable par un nombre en unités physiques, que ce nombre reste invariable dans tout processus connu, elle remplit au plus haut point toutes les conditions imposées à une réalité. Il sera possible en particulier de pronostiquer sa valeur avant et après telle transformation que l’on voudra. Nous n’insisterons plus sur l’importance scientifique et technique de cette possibilité, qui est l’origine de l’immense progrès accompli depuis le principe de la conservation de l’Énergie.

La preuve la plus frappante de la réalité de l’Énergie est qu’elle possède une valeur marchande. L’Énergie électrique en est le meilleur exemple. Le consommateur n’use et ne paie que l’Énergie, tandis que les parties « matérielles » des installations électriques ne se modifient pas et conservent toute leur valeur. Ce qui excuse la méprise que nous avons éclaircie, c’est l’extraordinaire généralité du concept d’Énergie ; il embrasse des propriétés particulières d’une généralité indéfinie. En dehors de cette circonstance que l’Énergie est une grandeur