Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/344

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entre eux deux quelconques des domaines différents des sciences de la nature. Ainsi, à propos de tout phénomène physique (cette dénomination comprenant comme toujours les phénomènes chimiques et biologiques), nous pouvons écrire l’égalité entre l’énergie disparue et l’énergie apparue. Il n’existe pas d’autre grandeur physique d’une application aussi générale. L’Énergie étant une quantité essentiellement expérimentale, une semblable théorie ne s’appliquera qu’à des objets expérimentalement mesurables ; le principe de la conservation de l’Énergie ne pourra donner naissance qu’à des problèmes réels, jamais à des problèmes apparents. Dans certains cas, la mesure de la grandeur énergétique soulève de graves difficultés, et on doit se contenter d’une grossière approximation. Le principe général n’en est pas moins valable. Dans de nombreuses applications, on ne peut pas mesurer les deux termes de l’égalité. On considérera de tels cas comme des protothèses. Ainsi, partout où la vérification du principe n’est pas vérifiable par une mesure indépendante de chaque membre de l’équation, nous admettons que la loi s’applique, quitte à en faire la preuve dès que nous le pourrons.

Un bon exemple de ce mode de progrès scientifique est la mesure de la chaleur physiologique chez les animaux et chez l’homme. Les mesures de Despretz, qui datent de la première moitié du