Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/347

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établir celle qui sera nécessaire dans tel ou tel cas particulier ; la possibilité de ces multiples propriétés différencie les diverses formes d’Énergie.

On répond ainsi à un reproche fréquent : le nombre des modes de l’Énergie est si grand qu’on peut penser sérieusement à l’existence de nouveaux modes encore inconnus.

Si le concept d’Énergie peut servir à représenter les phénomènes, il doit posséder une multiplicité correspondant à ces formes multiples. Le triomphe de toute théorie scientifique est d’adjoindre à la multiplicité physique du domaine étudié une multiplicité de signes de nature mathématique ou verbale, qui soient l’expression des relations fonctionnelles existantes. L’exemple le plus clair de l’importance énorme du langage symbolique, dans l’exploitation d’un domaine de la Science, est la vaste part des formules chimiques dans la découverte des lois générales de la Chimie. On ne peut faire un grief à cette science de ses quatre-vingts éléments, puisqu’elle n’est pas libre d’en fixer arbitrairement le nombre ; elle n’a qu’à enregistrer consciencieusement les formes multiples qui se présentent et à mettre en évidence les caractères particuliers à chacune d’elles. L’unité, dans la multiplicité, a pour base expérimentale la loi de transformation.

Une propriété positive s’étend à cette variété si grande des formes de l’Énergie ; elles sont décom-