Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/352

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pas d’énergie de mouvement, il est sans masse. Une impulsion infiniment petite lui imprimerait une vitesse infiniment grande, et il se trouverait ainsi soustrait à notre connaissance. Enfin, si l’énergie de gravitation lui manque, il ne reste pas sur la Terre, et il échappera encore à nos sens. Ces trois modes de l’Énergie sont, on le voit, inséparables dans tout objet perceptible ; les seuls systèmes énergétiques que nous connaissions sont ceux où se trouvent réunies ces trois formes de l’Énergie. Existe-t-il des systèmes dépourvus de l’une ou l’autre de celle-ci ? Nous n’en savons rien et n’en pouvons rien savoir ; ils ne peuvent faire partie constitutive de notre monde ; nous n’avons ni possibilité ni motif de les considérer.

Il faut donc reconnaître au concept de Matière une base expérimentale bien déterminée ; mais l’expression demeure imparfaite et maladroite. L’usage du mot Matière a cessé de convenir au langage scientifique. Tout complexe des trois formes de l’Énergie citées plus haut, porte le nom habituel de corps. Il ne resterait rien de ce corps, si on lui enlevait ses propriétés, c’est-à-dire les Énergies comprises dans l’espace qu’il occupe, on le comprend aisément, car le corps n’est qu’un complexe d’Énergies ; il disparaît si on disjoint les éléments de ce complexe.

Je n’ai pas, ici, à montrer quel tableau vaste et complet de la Physique, de la Chimie et de la Phy-