Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/48

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réaliser, avec l’approximation que l’on veut, l’égalisation des densités, mais, si les densités sont égales, les températures sont différentes. On peut de même obtenir l’égalité des densités pour des pressions différentes, mais non l’égalité des densités dans les mêmes conditions extérieures, et, à cet égard, les propriétés des différentes substances sont différentes.

Inversement, si deux corps doués des mêmes propriétés paraissent identiques au point de vue chimique, leur composition est forcément la même ; car, si elle était différente, le cas qui vient d’être exclu serait précisément réalisé, et les propriétés ne dépendraient pas de la composition, ou, en d’autres termes, la composition pourrait varier sans que les propriétés se modifient.

Il y a un siècle, on ne tirait pas cette conclusion qui nous semble naturelle, et cela prouve combien peu les chimistes d’alors se rendaient compte que les propriétés des substances sont rigoureusement déterminées. Ainsi, l’un des savants les plus marquants de cette époque, un homme qui fut un précurseur en d’autres parties de la science, Claude-Louis Berthollet (1748-1822), l’a expressément contesté ; selon lui la constitution pouvait varier dans certaines limites : c’était là une propriété générale des combinaisons chimiques.

L’expérience et la théorie avaient toutes deux conduit Berthollet à cette façon de voir, et on