Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut vraisemblablement admettre que les raisons théoriques étaient pour lui de beaucoup les plus importantes. Plus tard, nous étudierons ces idées d’une façon plus approfondie ; il nous suffit pour l’instant d’en extraire ce qui est nécessaire à l’intelligence de la question qui nous occupe.

Le problème fondamental de Berthollet était celui de l’affinité chimique. Il recherchait les lois auxquelles obéissent les réactions chimiques. Les procédés de préparation avaient rendu familier aux chimistes le déplacement d’une substance d’une de ses combinaisons par une autre substance ; pour préparer l’acide nitrique, par exemple, on le déplaçait du salpêtre par un acide « plus fort », l’acide sulfurique. Ainsi les différentes substances paraissaient douées de forces différentes, et, quand elles agissaient les unes sur les autres, les plus fortes l’emportaient sur les plus faibles. On acceptait généralement ces vues, qu’un chimiste suédois, Torbern Bergman, avait réunies en système, dans le dernier quart du xviiie siècle.

Berthollet montra que les substances ne se conforment pas du tout à ce schéma si simple. Si A est plus fort que B, B devrait toujours être chassé par A de ses combinaisons, et d’autre part B n’aurait pas d’action sur les combinaisons de A. De deux réactions opposées, il n’y en aurait jamais qu’une seule qui serait possible, l’autre. serait impossible. Or Berthollet prouva que beau-