Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/50

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coup de réactions sont possibles dans les deux sens. La chaux enlève à une solution de carbonate de potasse son acide carbonique, et il se forme de la potasse caustique et du carbonate de calcium ; la chaux est donc plus forte que la potasse vis-à-vis de l’acide carbonique. Mais, inversement, si on fait bouillir du carbonate de calcium avec une solution très concentrée de potasse caustique, il se forme de la chaux vive et du carbonate de potasse : les deux réactions opposées sont possibles.

Ces faits et d’autres encore amenèrent Berthollet à concevoir que toutes les substances en présence dans un système chimique peuvent satisfaire, mais seulement en partie, leurs tendances à se combiner. Il s’établit un équilibre dans lequel existent, mais dans des proportions différentes, toutes les substances possibles. Remarquons en passant que c’est aussi dans un certain sens ce que dit la science actuelle. Nous reviendrons plus tard sur ces vues de Berthollet.

Si on admet qu’aucun phénomène chimique ne se poursuit absolument jusqu’au bout, il n’existe pas de substances pures, et, quand une substance quelconque se forme, toutes les autres substances possibles doivent se former aussi. Les conditions de la réaction déterminent les proportions dans lesquelles se forment ces différentes substances, et, par suite, nous ne préparons jamais que des produits de composition variable.