Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/89

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On aurait pu penser que Berzélius saluerait avec joie cette disparition d’une difficulté, qui l’avait empêché de maintenir la théorie des volumes. Ce ne fut pas le cas. Berzélius reconnut que la difficulté était écartée par cette distinction entre molécules et atomes, mais il prétendit qu’il n’y avait pas d’autre raison de faire cette distinction. Si une hypothèse ne cadre pas sous sa forme primitive avec les faits, on peut presque toujours, et très facilement, la modifier par des suppositions accessoires convenables, de façon à la remettre en harmonie avec l’expérience. Mais ces modifications expriment seulement le fait à expliquer sous une forme plus imagée, sans donner aucun résultat nouveau. Ces améliorations faites par des hypothèses ad hoc n’accroissent pas la science.

Berzélius avait pratiquement raison, car il s’écoula près d’un demi-siècle sans qu’on utilisât l’expédient indiqué par Avogadro et Ampère. Et c’est seulement quand fut mise en lumière la dépendance, d’ailleurs souhaitée par Berzélius, que la vieille idée fut reprise ; depuis lors, elle a prouvé son utilité et étendu son influence jusqu’à nos jours.

C’est principalement en chimie organique que se montra féconde l’idée d’Avogadro et d’Ampère. L’attention des savants, dans les premières années du xixe siècle, s’était surtout portée sur la chimie inorganique ; puis, la chimie organique se déve-