Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/93

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faut pas prendre cette définition à la lettre. On n’a jamais institué d’expériences sur les plus petites quantités de matière qui puissent exister à l’état libre, et on ne peut pas dire s’il en faudrait un million ou un quatrillion pour faire un milligramme. Aussi toute l’histoire du développement de ce concept de molécule montre qu’il ne s’agit pas du tout de nombres absolus, mais seulement de nombres relatifs. À cet égard, les poids moléculaires sont comme les poids atomiques. Nous devons donc nous demander quelle est la signification du concept de poids moléculaire, abstraction faite des représentations hypothétiques qui s’y rattachent.

Voici la réponse conforme à ce qui vient d’être dit : les quantités de matière qui, à l’état gazeux, occupent le même volume dans les mêmes conditions, présentent des rapports chimiques particulièrement simples. En nous servant de l’équation bien connue des gaz p v = R T, où p désigne la pression, v le volume, T la température absolue et R une quantité qui reste constante pour une masse donnée du gaz, et qui est d’ailleurs proportionnelle à cette masse, nous pouvons exprimer le même fait d’une manière encore plus nette. Les masses de différents gaz pour lesquelles R a la même valeur sont proportionnelles aux poids moléculaires de ces gaz. Si on détermine la valeur de R par exemple pour 2 × 16 = 32 grammes