Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/97

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À peine cette contradiction était-elle signalée par les adversaires de l’hypothèse moléculaire qu’on indiqua de différents côtés une façon possible de la lever. Il suffisait, pour expliquer le phénomène observé, d’admettre que la vapeur de chlorure d’ammonium ne contient pas la combinaison intacte, mais un mélange de gaz acide chlorhydrique H Cl et d’ammoniaque N H3. Par cette décomposition, chacune des molécules en donne deux, ce qui double le volume et diminue la densité de moitié. Les adversaires de la théorie, tout en acceptant la possibilité du fait, firent remarquer à juste titre que la preuve n’en était pas encore donnée, et qu’elle devait être apportée par ceux qui affirmaient l’existence de cette décomposition.

On reconnut alors combien il est difficile de distinguer si une masse de gaz homogène est un gaz pur ou un mélange, ou plus exactement une solution. D’ordinaire on s’en assure en liquéfiant ou solidifiant le gaz, et en observant si cette transformation se fait oui ou non à température et à pression constantes : dans le premier cas, on a affaire à un corps pur, dans le second, à une solution. On savait que la vapeur du chlorhydrate d’ammonium se condense sous pression constante en chlorhydrate solide pur, mais cela pouvait tenir aussi à une recombinaison des deux gaz, au moment de la condensation. Il fallait montrer