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Et se rappeler que Bossuet, oui Bossuet le théologien et le directeur de la conscience royale qui vivait sous Louis XIV, disait déjà : « La vraie fin de la politique est de rendre la vie commode et les peuples heureux. »

L’institution de la Société des Nations, placée dans la ligne de l’Histoire Universelle, représente le fait social le plus général offert par l’histoire de tous les temps. Il en est ainsi parce que la notion du social repose sur la mise en rapport d’éléments humains, directement d’homme à homme ou indirectement à l’intermédiaire des choses sociales, au degré mondial et par la superstructure ultime de la Société. La masse des êtres et des organismes en présence, on l’a vu, est considérable.

Il s agit de lui assurer une armature solide, une armature qui ne saurait être que celle d’une communauté d’intérêts et de fonctions assurant à chacun, individu, groupe ou formation nationale, à la fois une liberté fondamentale et une coordination nécessaire. Fédération des Peuples, organisation des fonctions, départage entre ce qui doit appartenir à l’autorité, aux groupes et à l’individu, seuls ces principes peuvent apporter la solution au problème. En ce sens, l’heure est venue de bien marquer qu’au delà de la Société des Nations actuelle, simple union des gouvernements, n’intervenant que sur certains points, il y a au degré mondial aussi tout le reste des rapports sociaux libres, volontairement ou nécessairement exclu de la structure de la Société des Nations et auquel il importe cependant que soit donné la structure que requièrent Paix et Progrès.

La mystique de la Société des Nations contribua utilement à la faire instaurer et à la faire accepter. Mais la raison se voit maintenant tenue d’y projeter la lumière de l’analyse et du raisonnement et la volonté créatrice ne doit pas se laisser arrêter devant les solutions que celles-ci imposeront. Si la Société des Nations aujourd’hui s’avère impuissante à aider les hommes, à surmonter les quatre crises, économique, sociale, politique, intellectuelle, au milieu desquelles ils se débattent, eh bien, il faut la transformer. Elle n’est qu’un moyen et non une fin. À elle à s’adapter à la fin et non pas l’inverse. Trans-