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tative pour épurer le christianisme de son irrationnalité : les formules auxquelles aboutit sa critique reconstruisent sur les ruines du dogme traditionnel, une sorte de panthéisme moral, ou effort de réalisation bonne que contient l’univers et le cœur de l’homme, devient la substance même de la divinité.

Pour le panthéisme naturaliste et idéaliste de Georges Meredith, des lois cosmiques embrassées par la pensée, du contact avec la terre maternelle, nourricière des saines énergies et de la culture, large de ce qui est le plus humain en nous, émane une influence ennoblissante qui rayonne jusqu’à nous la volonté.

« Ce serait fausser le concept de religion, a écrit Ad. Ferrière, que de lui donner un contenu intellectualiste. Le terme « Raison… dynamique » (universelle sous jacente à toute l’évolution qualitative de l’Humanité) ne doit pas faire illusion. L’esprit est sentiment, raison, intuition et volonté. Projetées en Dieu, ces facultés se retrouveront toutes conçues dans leur quintessence qualitative : Amour, Raison, Justice divine. D’ailleurs c’est en soi que l’homme doit regarder s’il souffre d’une lacune ou d’un déséquilibre. On a trop vu des natures partielles donner un contenu partiel à leur religion. Ecartons donc les conceptions unilatérales.

Non, pas de religion de l’intelligence seule : elle serait froide. Pas de religion du cœur seul : ce serait un mysticisme vide. Pas de religion de l’diction seule, du fragmentarisme qui nierait l’unité de la Raison divine et ne connaîtrait ni le recueillement, ni l’extase, ni simplement le besoin de consolation, serait unilatéral lui aussi.

Non, pas de religion fragmentaire : de « rationalisme » exclusif, rien qui divise les hommes, rien qui sépare la raison du cœur, ni le cœur de la volonté. Mais tout cela ensemble, une vie selon l’amour, une vie selon l’esprit. L’oubli de soi dans l’œuvre divine. »

Et Ferrière ajoute : L’antique conflit entre les hommes de science et les hommes religieux apparaît, à l’altitude à laquelle nous sommes parvenus, comme un combat de pygmées.