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La religion est pour le croyant ce qui forme la quintessence concentrée de toutes les valeurs spirituelles de sa vie affective et active. Pour l’homme de science, elle est l’ensemble des croyances, des rites, ds superstitions et des pratiques extérieures des religions constituées.

La science est pour le croyant l’ensemble des résultats de la méthode scientifique dans sa recherche des lois de la matière ou des lois de la vie envisagée sous l’angle de la matière. D’où le dégoût quand il voit adorer la science comme on adorait jadis la déesse Raison. Pour l’homme de science, la science incarne tout ce que l’homme porte en soi de plus élevé. Méthode objective pour rechercher la vérité, école de sincérité vis-à-vis des choses du monde social et de soi-même. La science est aussi ce qui motive la solidarité humaine, ce qui pousse à l’altruisme, ce qui doit conduire avec le moins de temps et d’efforts perdus vers la Cité de Justice et d’amour de l’avenir, vers lequel vont les aspirations des hommes.

Calidasa donna cette définition :

« Infini, tu es le monde fini : il n’est rien dont tu n’aies besoin et tout ce que l’on désire vient de toi. Tu connais tout et tu es inconnu, tu es la cause de tous les êtres, et tu es l’être existant par toi-même ; tu es le maître de tout et tu n’as point de maître ; tu es un et tu fais partie de toutes les formes. La terre et les cieux qui t’environnent, c’est là de la grandeur, ce qui est exposé aux yeux, mais aucune limite ne peut la circonscrire ! Quel langage tenir sur toi, absolue perfection, en s’appuyant même sur les raisonnements des plus saintes autorités ? Si la voix se tait quand elle a célébré ta grandeur, c’est par lassitude ou faiblesse, non qu’elle soit arrivée au nombre fixe de tes qualités. »

Lamartine a ainsi défini Dieu.

Cet astre universel, sans déclin, sans aurore,
C’est Dieu, c’est ce grand tout qui soi-même s’adore.
Il est, tout est en lui : l’immensité, le temps,
De son être infini sont les purs éléments,
L’espace est son séjour, l’éternité son âge,
Le jour est son regard, le monde est son image.