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l’ennemi ! » Les étapes de la laïcisation selon le rapport à la Chambre de Paul Bert, devaient être la séparation de l’Église et de l’État ; la dénonciation du Concordat, la sécularisation des biens du clergé, séculier et régulier, la laïcisation de l’enseignement, la suppression des congrégations. Les soutiens de l’anticléricalisme devaient être, d’après les partisans de l’Église, le maçonnisme, le judaïsme et le protestantisme.

Le XIXe et le XXe siècle ont donc été les siècles de la grande sécularisation et laïcisation. L’Église a été mise hors de l’école, de l’armée, de l’hôpital, des tribunaux, de partout. Ça été la déchristianisation générale : État sans Dieu, école sans Dieu, presse sans Dieu.

Dans d’autres pays encore que la France, mais avec moins de rigueur logique, l’Église eut à subir des attaques et des diminutions de situation. La franc-maçonnerie a joué un rôle considérable dans cette politique. Elle est elle-même une organisation universelle qui agit suivant des vues concertées et qui ne se limitent pas aux frontières de chaque pays.

Le rationalisme s’oppose au fidéisme. Il consiste à interpréter, à l’aide des lumières naturelles de l’intelligence, les dogmes, les croyances, les affirmations qu’énonce toute doctrine religieuse. Le conflit de la raison et de la foi, l’effort pour les concilier ou les subordonner caractérisent l’histoire de la philosophie et de la théologie au moyen âge, au XVIIe siècle et de nos jours, où toute une école cherche à donner une explication rationnelle des mystères et des miracles.

La crise religieuse de notre époque réside dans la rupture d’équilibre entre notre conception rationnelle de l’Univers d’après les découvertes scientifiques, et l’enseignement des églises qui n’évoluent pas du tout, ou pas aussi vite que le mouvement scientifique. Il a été fait de nombreuses tentatives au cours du XIXe siècle pour tirer de la science une religion à base scientifique ou positive. Elles ont échoué. Certains principes apparaissent comme des conquêtes définitives de l’esprit humain : l’unité de la nature, l’universalité de la loi, qui n’exclut pas la part grandissante de la liberté dans