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« Rien ne prouve que la souffrance ait été voulue. L’acte créateur se présente sous deux perspectives, celle de l’impulsion intérieure qui l’anime, celle toute extérieure, des résistances qu’il rencontre au dehors. »

« L’homme est un apprenti et la douleur est son maître. Nul ne connaît la vie s’il n’a lui-même souffert. » Ces vers sont de de Musset et d’Amélie Murât cette prière profonde : « Père, donnez-nous aujourd’hui notre courage quotidien. »

« Miserere : Ayez pitié de nous, seigneur, de nous, de notre misère. Elle est infinie et perpétuelle, elle est dans tous les domaines de notre existence. » Ainsi clame l’humanité tordue physiquement et moralement aux pieds des autels : « Miserere ! »


Individualisme. Egoïsme. — Le moi, s’il prévaut sans le contrepoids d’éléments altruistes, devient franchement égoïste, individualiste.

Kant distingue trois sortes d’égoïsmes : 1o  logique : l’homme ne tient compte que de ses idées (paradoxe) et non de la science collective ; 2o  pratique ou moral : l’homme se fait le centre de son action, par l’idée de devoir ; 3o  esthétique : l’homme n’approuve que ses œuvres et se refuse à un critère extérieur du beau.

L’anthropothéisme est la déification de l’humanité, de l’homme considéré d’une manière générale. L’anthropothéisme est souvent désigné sous le nom d’Humanisme. Hégel et Auguste Comte en ont formulé deux doctrines.

Montherlant écrit : « Il y a eu trois passions dans ma vie : la passion de l’indépendance, la passion de l’indifférence et la passion de la volupté. » Passion du moi unique, réplique Beliard. Indifférence : moi statique équilibré, s’affirmant le même au regard du milieu variable. Indépendance : moi cinétique, automoteur courant librement sans amarres ni commandes. Volupté : moi dynamique transformant les émotions en forces avec l’ivresse des dieux.

Pascal a parlé du moi haïssable : l’accaparement injuste par l’individu de propriétés indivises, dans les espaces matériels comme dans le royaume de l’esprit. « Le moi