de culture, lui, est une création, une prise de conscience, il a le droit à l’orgueil puisqu’il impose le devoir correspondant d’être digne et d’avoir toutes les bravoures. »
Amour. — Le moi est amour, indifférence ou haine.
Il est toute une histoire de l’amour à travers les siècles.
Dans l’antiquité, matériel ou le sentiment de la beauté. Au moyen âge, christianisme, les peuples germaniques, amours chevaleresques. Dans le temps moderne : XVe siècle, amour platonique ; XVIIe siècle, galanterie ; XVIIIe siècle, corruption, libertinage, élégance ; Révolution, simplicité antique ; XIXe siècle, amour mélancolique et rêveur ; amour que la soif de l’infini fait dévier de sa fin naturelle, amour qui se mêle à deux sentiments vagues, indéterminés : le sentiment de la nature et l’inquiétude métaphysique ou religieuse. Cet amour conduit au mépris, à la haine de l’action, de la réalité, à l’ennui et au dégoût de la vie.
Le sentiment d’amour s’élargit de cercle en cercle. Lç sentiment de l’homme à l’égard de la femme et réciproquement ; à l’égard de l’enfant et réciproquement. L’amour du prochain : la reconnaissance que l’homme est précieux à l’homme, que la grande richesse, c’est l’homme, comme disait Ruskin.
Puis par des raisonnements comme par des intentions, l’homme peut s’élever à l’amour de l’humanité. Cet amour est distinct du culte. Il est à la base des sentiments fondamentaux et des motifs scientifiques peuvent l’alimenter.
Il est aussi un esprit qu’on pourrait dire pétri du sentiment de la nature entière, du sentiment cosmique.
Il y a enfin l’amour divin des religieux et des mystiques.
La sympathie, la pitié universelles sont-elles bien possibles ? Représentons-nous là-bas, dans ce lointain comme Sirius, un mal analogue à celui qui se passe sur la terre, injustice et souffrance. En pourrions-nous être émus dans les conditions actuelles de notre ignorance et de notre impuissance ?
Le mysticisme, remarque Bergson, suggère l’idée d’un univers qui ne serait que l’aspect visible et tangible de