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d’éléments sonores se fondent, sans effort apparent, dans la naissance d’un ensemble clair, souple, précis et intelligent, en évitant l’expression un peu facile du monstrueux, du gigantesque et du gémissant ; l’orgue qui détaille les fines pièces de Couperin, l’exact contrepoint de Titelouze ou la polyphonie géniale de J. S. Bach. (F. Gonzalez.)

L’harmonie c’est l’unité vivante, C’est au delà de l’art l’équivalent de ce qu’est la synthèse placée au delà de la connaissance positive et s’élevant jusqu’à la philosophie, la métaphysique même. L’harmonie surgissant de la conscience individuelle par la coopération volontaire des idées et des efforts.

L’harmonie c’est aussi la mesure qu’il ne faut ni dépasser ni « sous-passer » ; la mesure qui est la règle suprême à observer par les hommes vivant en société.

L’harmonie c’est aussi la lumière intérieure « l’équation heureuse réalisée entre ce qu’on aime faire et ce que les circonstances obligent à faire ». En se prolongeant autour de soi, elle est une lumière qui demeure dans les ténèbres, une lumière qui peut devenir une illumination toujours plus grande.

La vie humaine, au dire de Platon, a besoin de rythmes et d’harmonie. Au dire des grands scolastiques la splendeur de l’ordre est aussi la splendeur de la forme.

Dans le monde considéré comme objet, tout est énergie et onde. Pour le Moi, le sujet, qui la reçoit de son milieu, l’onde deviendra le rythme quand elle sera assimilée en harmonie avec la propre constitution du moi.

Ainsi la musique apparaît comme un cas particulier de toutes les ondes au sein desquelles nous sommes plongés ; ainsi encore la musique devient un aliment substantiel pour qui l’entend.

Le rythme est un principe général commun aux divers Rythmes de l’action. Le contraire de l’harmonie est l’opposition des sentiments ; celle-ci est apparentée à la contradiction des oppositions et à la contradiction des intérêts.

Car toujours l’homme produit de nouvelles incohérences, de nouveaux désordres, dans les êtres et dans