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avons mieux fait, car Aristote ne pouvait rêver que de pauvres machines, à maigres rendements. À l’heure présente, au Japon, une seule femme assure la marche de quarante métiers à tisser !

On a dénoncé les méfaits de la machine. Le progrès se résumant en une économie d’énergie, ce n’est pas la machine qui est responsable de la crise, mais l’emploi que l’on fait de ses produits.

L’espèce humaine s’est élevée au-dessus du monde purement biologique depuis l’époque où elle a commencé à fabriquer des outils. Les machines ne se distinguent pas des hommes, sinon par leur fonction. Et les machines appliquées au travail intellectuel réalisent de véritables cerveaux auxiliaires.

Ou supprimer la machine, ou transformer la société par la machine. Il faut se prononcer. Elle apporte un secours à l’homme, le remplace dans le travail pénible ; elle permet de donner à tous ce qui était la part privilégiée de quelques-uns. Elle est une matérialisation de l’intelligence.

Inaugurant la centrale électrique de la Cité du Vatican, Pie XI rendit grâce à Dieu de toutes ces merveilles qui allaient aider à étendre le rayon d’action de la vérité et de la charité.

Sans doute, les grands troubles, confusions et désastres de notre temps sont dus à l’énorme accroissement du pouvoir technique dû à la science dans les arts de la paix et de la guerre. Ce que la science a fait, elle doit le parfaire. Non pas en supprimant ses acquisitions et leurs applications, mais en complétant le bien de la nature par des sciences de l’homme et de la société, en doublant la connaissance de ce qui est par le plan de ce qui doit être.

Par la machine l’homme supplée au manque et à la défense des organes de son corps. Par l’écrit il supplée à ceux de son esprit. Par l’un et par l’autre, il s’égalise il devient fongible et s’universalise.