Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 379 —

société, quand le servage, et plus tard la liberté civile, sont venus remplacer l’esclavage antique que des génies comme Platon et Aristote déclaraient cependant conformes à la nature de l’homme ; quand la propriété féodale, mélange de droit civil et de droit public, de droit réel et de souveraineté eut pris la place de la propriété romaine ; quand la réforme, rompant les liens obligatoires entre les individus et l’autorité de l’église, instaura l’autonomie de la conscience. Il y a émancipation de la tradition encore quand la révolution française abolit le pouvoir absolu du Prince. Quand au XIXe siècle le savoir méthodique, fait d’observations et d’expériences tendant à soumettre successivement à ses critères toutes les pratiques spontanées et empiriques de la vie usuelle, cherche à y substituer des processus de rationalisation, de standardisation et d’organisation ; il y a renversement de la tradition encore de nos jours ; quand au sortir de la guerre mondiale, les vainqueurs eux-mêmes se rendirent compte de l’impossibilité d’imposer arbitrairement leur volonté et firent spontanément le sacrifice d’une large somme de leur souveraineté en faveur de la Société des Nations.

RÉFORME.


La terre par la machine devient d’une fécondité extraordinaire. La société est régie encore par des institutions du temps de la pauvreté, alors que la propriété devait présider à des partages limités. La réforme s’impose ; elle comportera :

1° le minimum de vie, assuré mondialement par des organes qu’aura formés la technique sociale pour mettre en valeur la technique industrielle et que juridifiera le droit nouveau.

2° La fin des luttes fratricides, guerres et révolutions, cherchée dans cet apaisement par l’abondance, l’égalité économique quant au minimum de vie, saura enlever l’acuité aux appétits non satisfaits.

3° La pratique franche et sincère de l’altruisme jusqu’ici hypocritement théorique.