Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VI

les choses objectives, comme pour le sujet et quant à celui-ci pour ce qui se passe en lui : idées (représentations), sentiments, volonté d’action. Le pourquoi et l’effet du mouvement, nous le dénommons l’énergie (force et faculté, passant de la puissance à l’acte), nous l’opposons à la matière, acceptant même de l’en distinguer partout, spirituellement comme corporellement (comme forme et comme matière). Les choses sont étendues et occupent un Lieu, tout au moins se présentent à nous comme telles. Qu’il existe objectivement et indépendamment de ce qui l’emplit (contenant et contenu) ou bien au contraire qu’il n’existe que des choses étendues, pour la commodité du langage tout au moins, nous devons à côté des termes substance et mouvement en poser un troisième, Espace. C’est tout le développement selon la géographie, sur la terre, l’astronomie descriptive dans le ciel. Et les choses considérées de même manière, mais sous le point de vue de leur position différente dans l’espace physique ou mental, par suite du mouvement dont elles sont animées, se présentent ainsi dans une succession de moments distincts, ce que, par généralisation et abstraction, nous appelons le Temps. C’est tout le développement selon l’Histoire, cosmogénie, géogénie, évolution de l’homme et des sociétés et de leurs civilisations.

Substances, Mouvement, Espace, Temps sont ainsi les quatre catégories les plus fondamentales qui constituent pour nous le Monde. Ces catégories ne sont pas séparables mais simultanées. Ce sont des points de vue sous lesquels notre esprit capable de distinguer les choses est forcé de le faire, car il est lui-même successif (discursif). Ainsi toute la réalité du monde est à la fois substance et mouvement dans un espace et dans un temps.

Cependant l’opposition du sujet et de l’objet et les caractères propres au sujet quand il s’agit de l’homme, posent le problème de la connaissance (sujet connaissant à la manière d’un miroir qui reproduit en réfléchissant : in-formé, con-scient). Le détachement de la con-