Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/102

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habite, l’homme modifie ce lien et devient à son tour une cause originale d’activité. C’est de la combinaison de ces éléments divers et multiples, c’est aussi de leur modification les uns par les autres que résulte la caractéristique d’une contrée. Un sujet d’étude consiste pour chaque région à démêler l’importance relative de ces divers phénomènes. La valeur d’un territoire national, le rôle qu’il joue dans l’économie et dans la politique mondiales est le produit, d’un grand nombre de facteurs qu’il faudra s’efforcer d’évaluer avec plus de précision qu’on ne l’a fait jusqu’ici. Parmi les plus importants il convient de citer son étendue, l’accessibilité de ses diverses parties, la variété et la richesse de ses productions naturelles, son climat favorable à l’habitation et à la culture, sa situation stratégique. Ces facteurs ont à intervenir dans le calcul de la représentation internationale des États.

7. Il faut aussi déterminer en quoi chaque pays a besoin des autres, comment il en est solidaire, quel est son rôle dans le monde, quel a été et quel pourra être à l’avenir son apport à la communauté humaine. Dans l’évolution du passé les peuplés ont développé leur génie propre et fait à l’humanité l’apport de ce en quoi ils étaient privilégiés. L’Orient inspiré est le berceau ardent et ensoleillé des religions. La Grèce, artiste et curieuse a le génie des formes, de l’esthétique et de la philosophie. Rome, éminemment pratique, a la science du droit et du gouvernement, de la politique et de l’action. Ainsi tous les cultes viennent de l’Orient, comme la science du droit sort de Rome et la philosophie de la Grèce.

8. Parmi les causes générales des conflits actuels il faut ranger l’ignorance où se trouvent les peuples à l’égard les uns des autres. Chacun d’eux a bien peu de notions précises sur ses voisins, encore moins sur les peuples d’au delà des mers, qui influent cependant constamment sur sa propre situation. De là des malentendus, des confusions regrettables. La langue sans doute est un obstacle énorme et aussi le coût des transports. Mais ne pourrait-on attendre mieux de l’instruction générale, des prises de contact systématique, de la presse et du voyage organisé. Les peuples comme les individus doivent prendre conscience d’eux-mêmes, du rôle qu’ils sont appelés à jouer au milieu des autres. Ils doivent acquérir la science du milieu terrestre, comme celle du temps où ils vivent. Rien n’y peut contribuer davantage que l’étude comparée des autres peuples. Cette étude est aussi la première condition de toute action dans le domaine international, car l’« international » est fait, avant tout, de l’ensemble du « national ». Les différents pays sont les éléments de la communauté mondiale. Ils ont à la fois des intérêts propres et des intérêts qui leur sont communs avec tous. Il est nécessaire de se rendre compte de chaque individualité nationale, de ses caractéristiques, de ce qui la