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Suivant les doctrines (transformisme, création) l’homme est un simple genre de l’ordre des primates, ou, au contraire, il occupe un rang à part dans la nature, de telle sorte que l’on a constitué pour lui un règne homme se surajoutant aux règnes minéral, végétal et animal. Quoi qu’il en soit de la classification, la structure anatomique de l’homme le rapproche des mammifères supérieurs et ses fonctions physiologiques s’accomplissent de la même façon que chez eux. Ses caractères spécifiques sont : la station verticale, les dimensions considérables de son crâne, et par suite le poids de son cerveau ; enfin le langage articulé. Les temps préhistoriques comprennent trois cents à quatre cents siècles, d’après quelques savants. — plus de deux mille d’après quelques autres, et il faudrait ajouter cette longue période d’enfance aux sept mille à huit mille ans de la période historique pour évaluer approximativement la durée de la vie des hommes sur la terre jusqu’à nos jours. L’homme, en effet, dernier terme de l’évolution animale, semble avoir fait son apparition au début de l’époque géologique dite quaternaire.

L’évolution montre les étapes de la mentalité animale et celles de la mentalité humaine avec le développement parallèle de l’intelligence. Elle peut être résumée en ce tableau[1].

a) Les trois étapes de la mentalité animale.
Cellule (protozoaire) 
 Irritabilité.
Association des cellules ou animales (Métazoaire) 
 Instinct.
Association d’animaux ou société (Hyperzoaire) 
 Intelligence.
b) Les trois étapes de la mentalité humaine.
Hommes primitifs (Association presque nulle) 
 Raison obscure.
Hommes sauvages (Association ébauchée) 
 Raison crépusculaire.
Hommes civilisés (Association perfectionnée) 
 Raison lumineuse.

3. L’homme est-il perfectible ? Il faut distinguer la notion de l’hérédité évolutive de celle de la civilisation. L’hérédité ne progresse que très lentement. Il faut des millions ou au moins des centaines de milliers d’années avant de changer l’homme et les animaux supérieurs d’une façon notable. Les progrès de la civilisation, au contraire, proviennent des acquisitions individuelles du cerveau durant chaque vie. Or, ces acquisitions sont dues à nos ancêtres dont les connaissances ont été accumulées depuis longtemps dans l’encyclopédie de la science et de l’art. L’école, les livres, le travail intellectuel et celui de nos sens contribuent sans relâche à remplir ainsi le cerveau de chacun. De là ces conséquences : notre culture intellectuelle et morale est absolument incapable de changer la nature humaine, mais à l’aide d’une éducation appropriée l’homme peut être individuellement adapté aux sentiments sociaux, au travail social, à la discipline, c’est-

  1. Izoulet, page 79. La cité moderne.