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du XIXme siècle : le mouvement pour l’émancipation politique de la femme et sa participation aux affaires publiques. Dans l’évolution historique, suivant les temps et les pays, la femme est tantôt « parasite » et tantôt « parasitée ». L’avenir semble vouloir modifier ces principes et, grâce au féminisme montant, établir entre l’homme et la femme, en union sexuelle, le mutualisme, c’est-à-dire les services réciproques et équivalents, ce qui serait l’accomplissement d’une justice sociale (de la Grasserie).

Le temps n’est plus où l’on pouvait définir le rôle de la femme dans la société par ces mots : « À bien tenir sa maison, élever ses enfants et filer la laine, telle est la mission de l’épouse ici-bas. » Les conditions de la vie moderne ont modifié tout cela. Dans la lutte pour l’existence la femme se trouve contrainte de travailler comme son mari. Le phénomène est Universel. La femme envahit l’industrie et les professions libérales en Angleterre comme en France, en Allemagne comme en Italie. En Amérique on ne compte plus les femmes ouvrières. Au Japon elles constituent les trois cinquièmes du personnel des fabriques[1].

2. La femme a, en général, une force cérébrale moins étendue et moins intense, mais souvent plus subtile et plus adroite que l’homme. Elle a, en général, une force musculaire, des mains, qu’à l’occasion elle peut faire fonctionner, moins lourdement que l’homme il est vrai, mais encore parfois assez lourdement. Elle a en général une force économique, c’est-à-dire de l’argent bien ou mal acquis, avec lequel elle sait faire des merveilles. Elle a, en somme, assurément moins de forces que l’homme en général (car dans certains cas elle en a beaucoup plus), mais elle en a. « Il est donc inconcevable qu’elle soit privée du droit de la faire apparaître et valoir par les moyens du gouvernement représentatif, c’est-à-dire par le vote, et soit par conséquent obligée, ou de ne pas la faire valoir du tout, ou de se faire valoir par les moyens bestiaux du gouvernement despotique, c’est-à-dire en résistant et en s’imposant arbitrairement. Et pour bien comprendre que les femmes ont de la force à faire apparaître et valoir dans le gouvernement représentatif, il suffit de se rappeler le rôle qu’elles ont joué dans toutes les révolutions, (notamment dans les révolutions grecques et américaines) et les louanges que firent de leur apport de force tous ces patriotes malicieux ou sots qui ensuite leur refuseront le droit de vote[2]. »

  1. Maurice Beaufreton, L’éducation sociale de la femme, en Amérique, en Angleterre, en Hollande, en France. « Action populaire », n° 61. — Auguste Pawlowski, Les syndicats féminins et les syndicats mixtes en France, leur organisation, leur action professionnelle, économique et sociale, leur avenir. Paris, Alcan. — Georges Deherme, Le pouvoir social des femmes.
  2. Umano, Essai de constitution internationale, page 47.