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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/122

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comme une protection ! « Les Inquisiteurs au moins, clamait l’une d’elles, ont eu le courage d’achever leurs victimes ; le militarisme moderne après avoir tué, violé, incendié, pillé, asphyxié, pousse la cruauté jusqu’à rendre à la société ceux dont il a estropié les corps et détraqué les esprits. » C’est pourquoi, si la femme subit la guerre, toute conscience en elle se révolte cependant à l’idée qu’il faudrait encore glorifier de tels actes. Un mal nécessaire quelquefois, quand il s’agit de se défendre ; un mal glorieux, jamais. — Ensuite les femmes revendiquent pour elles des responsabilités. La civilisation est l’œuvre commune des hommes et des femmes ; et pourtant les destinées de la civilisation, que la guerre vient si gravement compromettre, ont été jusqu’ici abandonnées aux hommes seuls. Ce sont eux, exclusivement eux, qui ont imaginé et conduit la funeste politique internationale, qui y ont donné toute place à l’ambition, à l’oppression, à la violence, et, si peu que rien, à la coopération et à la bonne entente. Les femmes peuvent-elles assister inconscientes à tant de folie ? Ou bien elles, dont l’intérêt à la chose sociale est plus que la moitié (puisque outre elles-mêmes il y a les enfants qu’elles ont créés et l’avenir de la race, dont elles sont les gardiennes), les femmes doivent-elles chercher à exercer leur propre influence ? Et cette influence sera-t-elle jamais possible si elle n’est organisée sous la forme de droits politiques égaux à ceux de l’homme[1] ? — Enfin les femmes affirment que des moyens existent d’éviter la guerre et ont été indiqués. Jusqu’ici ils se sont heurtés au mauvais vouloir, il faut aujourd’hui les réaffirmer et les imposer.

Le Congrès des femmes a décidé d’agir pour obtenir semblable paix. Refusant de demeurer plus longtemps passives, c’est à dire souffrantes ou spectatrices, les femmes ont levé l’étendard de l’action. Puisque, dans tous les pays, leurs intérêts sont solidaires, elles cherchent à concentrer les forces féminines éparses et à former une vaste « Internationale des Femmes ».

5. L’importance du rôle de la femme pour la Paix et le Progrès du monde ne saurait être exagérée. La femme qui crée la vie et la conserve est naturellement portée à éloigner les solutions meurtrières de la guerre. C’est pourquoi on pourrait tenir comme une garantie précieuse de paix l’obligation de les associer à la formation des représentations nationales d’où devrait être issu un parlement international. « La politique, a écrit Treitschke, ne va pas sans dureté ; c’est pour cela que les femmes n’y peuvent rien entendre. » Nous avons vu où conduit la politique entendue au sens du théoricien allemand de la guerre. N’est-il pas tout indiqué de lui enlever sa dureté en appelant les femmes à y participer ?

  1. Le Congrès a adopté cette résolution : « que la Conférence des Puissances vote une résolution affirmant la nécessité d’étenbdre aux femmes de tous les pays civilisés la franchise politique et parlementaire.