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travail avec répartition des tâches à accomplir, ou coopération d’argent pour assurer les moyens de faire faire en une fois et au profit de tous ce qui dépasserait les forces isolées ou bien coûterait plus cher.) 3° L’association internationale est la structure sociale qui répond au besoin d’organisation de la communauté internationale. Toute fonction collective permanente (travail ou service) s’incarne nécessairement dans un organe permanent. Dès lors les associations officielles doivent devenir les rouages de la vie internationale publique, les moyens pratiques de décentraliser l’administration internationale en exerçant des droits souverains d’organisation dans leur domaine. Les associations privées doivent agir comme instrument des études, du contrôle, de la propagande des intérêts internationaux et être tenus éventuellement comme institution consultative de pouvoirs internationaux[1]


232.8. L’ASSOCIATION, PRINCIPE DE STRUCTURE DE L’ÉTAT ET DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS.. — Les associations ne sont pas seulement des adjuvants de la vie de l’État. Aujourd’hui leur rôle s’étend et voici qu’une conception gagne du terrain en vertu de laquelle elles auraient, dans tous les domaines, à devenir une quasi-structure de l’État ; une conception où l’État devrait lui-même être conçu comme la « confédération des fédérations d’associations ». L’école associationniste affirme la supériorité du mutualisme, du fédéralisme, de la coopération volontaire fondée sur le contrat toujours révisable, et substitué dans presque tous les domaines à la coopération forcée de l’État, fondée sur le statut[2]. C’est dans l’association que la démocratie doit chercher son ordre vivant. Le droit de s’associer est le droit primordial. L’association doit posséder la personnalité morale et civile. Seules les fédérations économiques empêcheront l’État de décréter le monopole universel. Cette floraison sans cesse renouvelée d’associations de toutes formes, de toutes tendances, de toute autorité, groupe de la façon la plus variée et la plus souple les énergies comme en un faisceau et prépare la société de demain. L’avantage des associations c’est de limiter l’État, mais non jusqu’à le dissoudre ; le bienfait de l’État c’est de tenir la bride des associations dans l’intérêt public. La destruction de l’association forcée et la substitution à celle-ci de l’association libre du travail, c’est ce qui constitue le but suprême vers lequel aujourd’hui doivent converger tous les efforts de rénovation sociale, une métamorphose radicale du processus de la

  1. Voir à ce sujet les travaux du Congrès des associations internationales 1913, p. C. V. — Il est intéressant de rappeler que le passé a connu des personnalités internationales. On peut citer l’ordre teutonique créé en 1128 ; l’ordre des Chevaliers de Malte fondé, au XIme siècle à Jérusalem ; la ligue Hanséatique, groupant jusqu’à 80 villes ; l’Union douanière allemande de 1867 à 1870.
  2. Deherme, Démocratie vivante, 1909.