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AU ROI ALBERT



Qu’il Vous plaise, Sire, agréer l’hommage de ce livre tout plein des hautes et graves préoccupations de l’heure présente. Il a été écrit dans la pensée d’accomplir, à la manière de ceux qui ne le peuvent plus autrement, une œuvre utile à ma patrie, dont la cause désormais se confond avec celle de l’Humanité.

Lorsque, dans la nuit du 3 Août, le Conseil que Vous présidiez au Palais de Bruxelles décidait de repousser l’ultimatum allemand, il répondait à l’offre parjure de la seule manière conforme à l’honneur et aux intérêts les plus élevés d’une Belgique décidée à demeurer inconditionnellement neutre et indépendante.

Heure d’angoisse suprême, où s’acceptait, sans fléchir et en pleine conscience, le malheur matériel qui allait s’abattre sur le pays. Heure aussi de grandeur suprême, où tout un peuple, guidé par votre geste, eut la vision du plus haut idéal de sa vie.

Et voici que le devoir accompli par la Belgique, le droit qu’elle a réclamé, sont devenus comme un point central et fixe dans le monde bouleversé et mourant qui a perdu sa loi et son équilibre. C’est que la Belgique, celle qu’on a qualifiée de terre d’expérience, est non seulement placée au carrefour des nations : elle est, par toutes les fibres de sa vie, associée à la vie universelle. Chez elle tous les problèmes modernes se sont posés plus tôt, plus intensément, plus complètement que chez d’autres peuples. Tandis que son histoire est des plus anciennes, ainsi en attestent ses monuments parmi les plus beaux et les plus vieux de l’Europe, elle fut des premières sur le Continent à organiser le système représentatif et constitutionnel intégral ; à vivre sous le régime de la neutralité perpétuelle ; à devenir nation industrielle dans