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24.
FACTEURS ETHNIQUES : LES PEUPLES ET LES NATIONALITÉS




Les hommes forment de grands groupes : les nationalités. Ces groupes ont pour base la filiation et par conséquent, dans une certaine mesure, la race. Les nationalités sont des formations spontanées naturelles, tandis que les États sont des formations volontaires et conscientes. Avec des vicissitudes variées et des fluctuations de puissance, les nationalités ont chacune leur longue histoire. Elles ont vécu tantôt indépendantes, ayant leur État à elles, tantôt absorbées par d’autres États à qui elles sont liées par des liens de dépendance plus ou moins étroits. Toute organisation internationale, pour être normale et stable, doit tenir compte des facteurs ethniques. De là un ensemble de questions de haut intérêt qui doivent être exprimées objectivement et dans leurs corrélations avec les questions économiques, culturelles et politiques. Quelle conception faut-il se faire des nationalités et des races ? Peut-on donner une détermination scientifique de leurs caractères ? Y a-t-il avantage à leur maintien ou l’unification, l’absorption et la dénationalisation sont-elles préférables ? Quelle est la situation actuelle des nationalités et quels mouvements ont-elles provoqués avant et pendant la guerre en faveur de leur liberté ? De quelles solutions sont susceptibles les problèmes des nationalités, en distinguant d’une part les divers types de population, d’autre part les divers régimes politiques et juridiques auxquels elles pourraient être soumises ? Sans entrer dans le développement que comporte l’étude de ces vastes questions, nous nous bornerons à indiquer ici quelques conclusions[1].

241. Nationalités opprimées ou mutilées.


C’est l’espoir des peuples que cette guerre aboutira à un accroissement de liberté dans le monde. Les peuples déjà constitués en États indépendants ont été victimes d’agressions qui les ont placés sous une

  1. Nous avons examiné ces questions en détail dans notre ouvrage : La Fin de la guerre (1914), pages 61 et suivantes, et dans une étude : Les peuples et les nationalités, en cours d’impression dans les Annales des nationalités, 1916. Nous y renvoyons. Les conclusions sont celles que, sur notre proposition, a acceptées la commission chargée de poursuivre les travaux de la Conférence internationale des nationalités (Paris, 26-27 juin 1915), et exprimées sous la forme d’une Déclaration des droits des Nationalités.