Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/197

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nomie nationale, où l’État, avec des dimensions plus vastes et une administration plus complexe, essaie aussi de s’enfermer chez soi. On aboutit enfin à l’économie mondiale qui embrassa peu à peu toute la terre habitée et habitable[1]. L’activité de la partie centrale du monde, hautement sensible aux influences de l’économie, étend ses limites et s’annexe les zones successives de ta région environnante. En se poursuivant ce phénomène doit transformer du plus en plus le monde tout entier en un seul organisme économique[2].

Déjà de nos jours il n’y a, peut-on dire, guère d’acte de commerce international qui n’ait son contre-coup, infinitésimal peut-être, mais inévitable, sur la vie des États. Il en est comme dans les réactions chimiques. Là pas un atome, si imperceptible soit-il, dont le déplacement et la combinaison avec un autre atome ne contribue à la modification des corps et à la formation de produits nouveaux.


251.2. CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCONOMIE ACTUELLE. — L’économie du XXe siècle, à la veille de la guerre, présente un certain nombre de caractères qui la distinguent nettement de celle des siècles antérieurs ; la force productive de la société est affectée par des éléments nouveaux ou des éléments anciens dont l’importance relative a changé. — a) La population a considérablement augmenté, impliquant augmentation de l’offre de travail et de la demande de produire. — b) Les besoins des consommateurs ont augmenté. — c) Le marché est devenu mondial. Les produits sont devenus internationaux. Par les moyens de communications et l’incorporation de tous les territoires de l’univers à la vie économique générale il n’y a plus qu’un seul marché, englobant, dominant tous les marchés particuliers. On ne produit plus pour satisfaire les besoins connus et forcément limités du marché ; on cherche partout des marchés et on en crée, on s’empare par la ruse et par la force de ceux qui existent, afin d’écouler une production débordante. Cette internationalisation est vraiment extraordinaire. Elle porte sur les matières premières, les machines, les produits, les Styles. Que l’homme examine son vêtement, sa nourriture, son logement, il ne rencontrera que de l’« étranger ». Son vêtement : la laine du drap vient d’Argentine, le coton des cotonnades vient d’Égypte ou des États-Unis, les toiles viennent d’Écosse ou de Flandre. Sa table : le blé vient d’Australie, d’Amérique ou des Balkans, les légumes viennent en primeurs d’Italie, les poissons d’Islande ou des côtes du Maroc. Parmi les viandes, il en est

  1. Karl Bücher, Étude de l’histoire de l’économie politique, traduite par A. Hansay (1901). — Nogaro et Oualid, L’évolution des transports, du commerce et du crédit depuis cent cinquante ans. — Martin Germain, Conférences sur l’évolution économique des grandes nations au XIXe siècle et au XXe siècle (1910). — Wells, Economic changes and their effects on the distribution of wealth and the well being of the society.
  2. Clarke, Principes d’économie, p. 509.