Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



25.
FACTEURS ÉCONOMIQUES : LA VIE INTERNATIONALE MATÉRIELLE




L’économique est la base de la vie des peuples comme des individus « Primum vivere, deinde philosophari ». La chute des empires, les changements de dynastie, à plus forte raison la politique de telle ou telle monarchie ont eu sur l’état social de leur temps une répercussion cent fois moindre que telle évolution rurale, industrielle ou financière. Causes, conséquences, objectifs économiques de la guerre, c’est ce qu’il nous faut maintenant examiner en passant sommairement en revue le domaine de la production, du travail, du commerce, de la finance, des transports, des colonies et de la consommation. Mais notre examen doit se faire au point de vue international qui est celui de tout cet ouvrage. Il doit chercher à répondre à ces questions : Jusqu’à quel point existe-t-il une économie mondiale ? Quels en ont été les avantages pour les peuples ? Par quelles structures solides, c’est-à-dire par quelles institutions internationalement garanties est-il nécessaire désormais de la protéger et de la développer ?

Nous constaterons que la vie internationale apparaît partout comme un prolongement de la vie nationale, comme un résultat de l’expansion et du perfectionnement de celle-ci. Elle est un fait naturel, spontané, non systématique, avant d’être voulue et coordonnée. En envisageant chaque élément de la vie économique dans son évolution et dans la forme la plus développée d’aujourd’hui, nous arriverons à cette conclusion : loin de pouvoir décider arbitrairement que cette vie ne sera plus, il faut s’attendre au contraire à son extension dans l’avenir.

251. Généralités.



251.1. FORMES HISTORIQUES DE L’ÉCONOMIE. — L’Économie au cours de l’histoire a présenté une succession de formes. Elles n’ont de commun entre elles, et encore, que les conditions techniques très générales de la production ; les lois de l’échange et de la distribution sont radicalement différentes d’une forme historique à l’autre (Stuart Mill). On part de l’économie familiale, de l’économie domestique fermée, où le propriétaire se suffit à lui-même, produit sur son domaine tout ce dont il a besoin pour lui et les siens. On passe ensuite par l’économie urbaine, où la ville est le centre d’un territoire restreint, mais suffisant à la faire vivre. On arrive après cela à l’éco-