Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/220

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unissent, ou bien tous les ouvriers d’une même profession, localement, régionalement, nationalement, internationalement ; ou bien les ouvriers de toutes professions à tous les degrés d’extension des aires géographiques, (Ex. : Fédération internationale des métallurgistes ; Confédération générale du Travail, en France.)

La politique syndicaliste est dominée : — ici par le syndicalisme révolutionnaire, qui proclame la fécondité de la lutte des classes et qui répudie toute intrusion de l’État dans les rapports du Capital et du Travail ; là par le socialisme réformiste, qui oppose, lui aussi, capitalistes et salariés, mais qui charge l’État de rétablir la balance des forces, ou même de préparer l’émancipation ouvrière ; — là encore par le christianisme social, qui préconise l’entente des travailleurs, catholiques, protestants, et la libre et courtoise discussion avec le patronat en même temps que la répudiation de tour socialisme ; — là enfin par le libéralisme, qui recommande le bon accord des entrepreneurs et des salariés, — ou par le catholicisme ultramontain, qui subordonne directement, strictement (c’est le cas pour une partie de l’Allemagne), les groupements à l’épiscopat et à la tutelle de Rome[1].

L’Organisation ouvrière est symbolisée par son drapeau et son chant, les mêmes partout. Elle fait entendre dans tous les pays des revendications identiques. Sous son influence, les grèves se multiplient, gagnent en importance, étant devenues d’une part la « Grève Générale », c’est-à-dire la cessation totale du travail, donc de l’organisation productrice tout entière ; d’autre part la « grève perlée », c’est-à-dire la désorganisation systématique de l’usine par le « sabotage » méthodique des produits fabriqués, voire même des instruments de production, — l’introduction dans les batailles syndicalistes d’une lutte sournoise, où l’influence d’une force collective se double de l’action anonyme des attentats isolés. Et ces grèves témoignent de la solidarité ouvrière au delà des frontières.

253.5. LE COLLECTIVISME. — Une théorie est née qui a rapidement gagné des adeptes dans tous les pays et tend à une refonte économique de la société. Le collectivisme veut socialiser et, après défalcation du quantum nécessaire aux besoins généraux, répartir la plus-value sociale. Les moyens de production et d’échange, terres, mines, établissements industriels, instruments de crédit, de circulation, de transport rentreront dans la collectivité ; seuls les objets de consommation resteront personnels. L’État se passera du commerce des intermédiaires, du numéraire, des bourses. Il gérera le travail

  1. Paul Louis, Mémoires et Documents du Musée social, 1913 ; Le syndicalisme européen. Sur le syndicalisme et l’internationalisme, voir : Albert Marinus, La vie internationale, t. I, p. 454 et 482 ; Statistique Internationale, Ibid., t. III, p. 252. — Nous traitons plus loin de l’organisation socialiste internationale (n° 293S. 5).