Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/224

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fallait, mais qu’il ne pourrait produire qu’avec plus de frais que le pays d’origine, parce que celui-ci se trouve dans des conditions de supériorité naturelle ou acquise. Quant à l’exportation ses avantages sont les suivants : a) Utiliser certaines richesses naturelles ou forcées, productives, qui resteraient sans emploi si elles ne trouvaient un débouché au dehors. b) Servir à acheter les produits, les matières premières et les denrées alimentaires qui font défaut dans le pays, ou ne s’y trouvent qu’en quantité insuffisante pour ses besoins. c) Abaisser les prix de revient des produits industriels, et par là même développer l’industrie nationale, car la division du travail et les progrès de la grande production sont en raison de l’étendue des débouchés.

D’une manière générale, la richesse de chaque individu dépend de la somme des produits apportés sur le marché. Quand les marchés se mondialisent, concentrant la totalité des produits existants, la richesse de chacun s’en accroît d’autant. Il n’est pas de marchandises situées en quelque partie du globe qu’en y mettant le prix il ne soit possible aujourd’hui à un Parisien de faire venir à Paris. N’est-ce pas là une expression de puissance réelle ?

254.3. LA LIBERTÉ COMMERCIALE ET LE RÉGIME DES DOUANES. — I. Conflits internationaux. La liberté douanière internationale, le régime de la « porte ouverte », sont fondés sur deux motifs. Le premier est la nécessité de donner aux membres de chaque nation le monde entier comme champ d’activité économique, eu supprimant ainsi toute raison d’être à de nouvelles conquêtes territoriales et coloniales. Le second est d’enlever leur acuité extrême aux luttes économiques qui poussent les nations à imposer par la force des traités de commerce avantageux pour elles. Le libre-échange mettra fin, grâce au régime de la réciprocité, aux colonies économiques que certaines nations ont pu constituer chez d’autres à l’exclusivité des tierces nations. « Les intérêts économiques sont partout, à notre époque, la cause et le but de la politique internationale. Partout où il sévit, le protectionnisme sépare les intérêts, les irrite et les oppose. Le libre-échange tend à les réunir, à les apaiser, à les développer en les solidarisant. L’enchevêtrement et la solidarité des intérêts économiques internationaux qui résulteront du libre-échange seront seuls susceptibles de former les mailles étroites de l’indestructible fil dont les hommes envelopperont graduellement et par lequel ils réussiront, un jour, à enserrer et contenir définitivement l’hydre de la guerre » (Henri Lambert).

Travailleurs, produits, capitaux, au lieu de pouvoir librement s’employer par toute la terre sont entravés par tous les obstacles qu’y mettent les douanes et leurs mesures complémentaires. Les peuples les plus actifs, mais les moins bien partagés en territoires métropolitains et coloniaux ont surtout, à en pâtir. La liberté du commerce, en