Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/239

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moins la régularisation de la concurrence, la délimitation des zones réservées à chacun des associés, la fixation du maximum de production, la fixation d’un prix de vente, le comptoir commun de vente obligatoire qui fait du cartel une sorte d’association coopérative de production. Le cartel n’est pas le trust à la façon américaine. Il est plus souple ; les maisons ne fusionnent pas. C’est souvent l’entente non formelle, indénonciable, improuvable, basée sur la solidarité réelle, indestructible en conséquence. Le cartel est de formes variées. Ainsi le système du contrat exclusif « Exklusive Vertrag » qui oblige les acheteurs et les fournisseurs à n’acheter et à ne vendre qu’aux membres du cartel. Ainsi encore le système des primes d’exportation (Ausfuhrvergütungen) institué par le cartel pour ceux de ses membres qui exportent. En Allemagne, on peut dire que le cartel fut la création économique moderne. Il entraîna des modifications profondes dans les procédés du commerce d’exportation ; grâce à lui la Banque d’exportation fut fondée, les tarifs liés pour les destinations les plus lointaines furent établis, les Compagnies de navigation fortement aidées se plièrent à toutes les exigences du négoce. Plus de 500 cartels fonctionnent dans l’Empire. — Avec le trust, l’entente devient une fusion, soit par voie de consolidation, toutes les entreprises associées abandonnant leur autonomie pour se fondre en une seule, soit par les moyens du « Holding Trust » ou d’une société nouvelle, devenant propriétaire de la majorité des actions des autres sociétés. Mention doit être faite de deux trusts : le trust du pétrole (Standard Oil Company), fondé par Rockfeller en 1872 par la fusion de 29 sociétés, et qui a distribué jusqu’ici un total de 350 à 400 millions de dollars ; le trust de l’acier (Steel trust), créé en 1901, fusionnant 15 sociétés et représentant 10 milliards de capital. Une enquête officielle faite aux États-Unis a révélé que deux hommes (Rockfeller et Morgan) ont gouverné un ensemble d’entreprises (chemins de fer, mines, pétrole, banques, forges), représentant 125 milliards de francs, soit directement, soit par des directeurs interposés, au nombre d’environ 320, qui figuraient en leurs noms dans les conseils d’administration[1].

2. Avantages et inconvénients des trusts. — Les trusts et syndicats ont du bon et du mauvais. — a) Du bon, car ils permettent des améliorations techniques, grâce à la concentration et à l’importance plus grande donnée aux unités industrielles ou de transports ; ils font tomber conséquemment les prix de revient ; on diminuant les frais

  1. Gide, Cours d’économie politique, p. 321 et suivantes. — Martin Saint-Léon, Cartels et trusts, (1903). — Paul Des Roussiers, Les industries monopolisées aux États-Unis ; Les syndicats industriels de producteurs. — R. Liefman, Cartels et trusts. Traduction française 1914 (nombreux renseignements). — J.-W Jenks, The Trust Problem, 2me édition, 1903. — Report of the Industrial commission. (United States), Vol. I, II, XII (Contains a bibliography), XIX (Final report) (1900-2).