Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/241

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« Wiener Bank » et la « Deutscher Banks » étaient, derrière l’organisation. Au lieu d’entrer en lutte contre le trust américain, les banques nouèrent une entente ; on fit des contrats avec les sociétés de vente, qu’il avait en Europe. — Une convention internationale de glacerie existe. Elle règle les prix et la capacité de production en imposant trimestriellement un certain nombre de jours de chômage aux industries (pourcentage obligé d’inutilisation des tables de polissage. Exemple : Ier trimestre de 1913, 33 jours de chômage, soit donc 42 jours de travail sur 75 jours ouvrables). — Actuellement tous les marchés miniers tendent vers le même but, un but unique qui consiste à arriver à réunir, dans les mêmes mains, le marché du monde entier pour chaque métal de manière à concentrer le marché. On forme généralement un syndicat international unique. Certains de ces marchés sont arrivés déjà au but définitif et s’y sont solidement affermis. D’autres y arrivent maintenant ou y tendent. Le résultat est la hausse des prix. Exemples : l’iode a son marché concentré à Londres et se vend 11 fois le prix de revient (20 fr. le kilo). Le bismuth est concentré aux mains des Allemands. Pour le platine la concentration s’est faite notamment entre les maisons Chouvaloff, Demidoff, la société allemande Platina, une société française et d’autres ; le prix est monté de 3200 fr. à 7500 francs. Le nickel est aux mains de la maison de Rotschild. Le marché du plomb est trusté aux mains des Allemands, qui l’ont fait monter de 325 à 475 francs la tonne. L’Allemagne détient aussi le marché du zinc et ses efforts tendent à chercher dans le monde les lieux où existent des gisements de ce métal, car les gisements actuellement connus commencent à s’épuiser. Depuis 1908, le marché du zinc a été réglé jusqu’à fin avril 1916 par le Syndicat international du zinc. Lorsque les stocks dépassent 50,000 tonnes et que la cote moyenne de Londres pour le métal Ordinary Brands est inférieur à 22 £, la production est réduite. Une réduction de 18 % a été imposée pour la première fois en 1913. Quant au cuivre il n’a pas encore été monopolisé ; trois groupements égaux en puissance se partagent le marché : Ryan, l’Amalgamated et Gugenbeim ; la menace existe d’un trust universel[1].

4. Étatisation, monopole officiel. — L’étatisation est, en un certain sens, l’analogue du trust puisqu’elle crée le monopole. Les postes sont services d’État dans tous les pays ; les télégraphes dans presque tous pays pour les lignes de terre (sauf aux États-Unis) ; les câbles sous-marins appartiennent à des compagnies ; les téléphones sont services publics seulement dans quelques pays. Les chemins de fer appartiennent à l’État en Allemagne, Russie, Danemark, Belgique, Suisse, Italie et, pour une fraction du réseau, en France et en Hollande. En

  1. Margaine à la Chambre française, reproduit dans « la Vie internationale », 1915, v. p. 104.