Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

États prendre vigoureusement en mains la conduite des affaires communes. Ce qui a fait défaut jusqu’ici c’est l’organisation, c’est-à-dire des programmes, des moyens, des organes établis en vue d’atteindre les objectifs proposés. En d’autres tenues il faut jeter les bases d’une véritable politique économique mondiale et tenir vigoureusement la main à son application. En dehors de la liberté commerciale, dont nous avons examiné longuement les conditions, cette politique doit comprendre le développement d’une administration économique internationale et des mesures systématiques de mise en valeur et de protection des ressources du globe[1].

1. Administration économique internationale, services publics universels. — Les complications de la vie collective ont amené dans tous les pays les pouvoirs publics à étendre leurs fonctions. Ils sont devenus les agents constituant, concédant, contrôlant les services publics et, dans certains cas, les administrant eux-mêmes, faisant ce qu’on a appelé de la régie directe[2]. La vie économique internationale place les États devant les mêmes devoirs : organiser une administration économique mondiale pour assumer ceux des services économiques qui ont un intérêt universel et pour mieux coordonner entre eux les services publics nationaux. Certaines unions remplissent de telles fonctions et elles ne sont en quelque sorte que le prolongement d’administrations nationales (postes, télégraphes, chemins de fer, etc.). Mais ce qui existe est peu, comparé à ce qui devrait ou pourrait être. Nous employons intentionnellement ces deux mots pour distinguer entre la nécessité et l’utilité. C’est l’utilité et non la conformité à de soi-disant principes métaphysiques, économiques ou politiques relatifs aux attributions des pouvoirs qui décide maintenant partout de l’étatisation et de la municipalisation des services. De même, dans la sphère internationale, il doit suffire qu’un travail collectif soit jugé bon et utile pour que le devoir existe de l’entreprendre ; il doit suffire que l’exploitation collective de telles richesses du globe paraisse pouvoir se faire mieux que si on les livre à l’anarchie privée dévastatrice, pour que les organes de la vie internationale s’en chargent. Les modalités ici peuvent être les mêmes que dans l’administration nationale, concession ou régie directe. Parmi les services internationaux désirables, outre ceux déjà indiqués précédemment, on peut signaler les suivants : exploitation des mines d’or, afin de régulariser l’étalon monétaire, — exploitation du radium, la grande force de demain, qui est extrait de roches fort rares et concentrée dans quelques pays,

  1. Rudolphe Kobatsch, La politique économique internationale. — W. Morton-Fullerton, Les grands problèmes de la politique mondiale. Livre III, influence des facteurs économiques sur la politique des États. — Achille Loria, La synthèse économique (version française de Camille Monnet. 1911).
  2. Consultez les Annales de la Régie directe, dirigées par Edgard Milhaud.