Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/270

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une économie mondiale et les peuples en ont pris conscience. c) L’idée domine d’une universelle mise en valeur du globe, dont tous les territoires, toutes les richesses, toutes les particularités physiques peuvent être utilisées et entrer dans la circulation mondiale. d) Les moyens de transports de toutes les nations enserrent de leurs réseaux la terre entière, ils suppriment les distances et ce qu’elles coûtaient autrefois à franchir. e) La mobilisation de tous les biens, de tous les droits, facilite le transfert international de la propriété. f) La spécialisation et la division du travail à l’extrême s’étendent à tous les pays. g) Les trusts d’une part, les syndicats ouvriers d’autre part, démontrent la possibilité d’organisations économiques exerçant leur action sur toute la terre ; ils sont une promesse d’organisation méthodique du domaine économique. h) Les fortes naturelles sont captées et domestiquées ; la technique domine en maîtresse, chassant les empirismes traditionnels et s’alimentant constamment aux sources d’une science aux conquêtes indéfinies, et devenue internationale comme elle-même. i) Une fois passé les premiers temps où explosa l’intense production et le commerce effréné, la consommation s’est efforcée de prendre la direction de la production ; l’intérêt humain des consommateurs et des travailleurs tend à primer l’intérêt du capital. j) Des formes économiques nouvelles sont entrevues : le capital et le crédit multipliant leur rôle, l’amortissement rapide des vieilles valeurs, l’assurance, la solidarité économique, réalisée volontairement et d’après des plans préconçus, l’organisation se substituant au hasard et à l’éparpillement des efforts, substituant le stable et le régulier à l’incertain et au précaire. k) L’économie au cours de la guerre a été dominée par l’action centrale de l’État. Nous vivons sous une sorte de régime collectiviste dont les effets sur demain ne pourront manquer. Toute une législation économique a été édifiée en ce sens dans tous les pays. l) À l’intérieur des États une évolution a conduit à la prédominance des questions sociales, économiques et financières sur les questions politiques. Ce même mouvement prolongé se manifeste à l’extérieur dans le domaine des relations internationales. Il a donné lieu à ce qu’on a appelé « la diplomatie du dollar et du négoce ». Dans tous les pays, en arrière des gouvernements s’agite une armée de gens d’affaires, de métallurgistes, de propriétaires de mines, qui cerne et assiège les hommes au pouvoir ; et en arrière d’eux grouille aussi une population nombreuse d’ouvriers et de fermiers, dont les revendications orientent dans une certaine mesure la politique mondiale des États. m) Les gouvernements, par entraînement, ne voyant peut-être qu’un des aspects des choses, malgré leur souci théorique de répudier au dedans les fonctions économiques qui ressembleraient à du collectivisme, les gouvernements arrivent à suivre au dehors une conduite qui double l’État politique d’un État économique ; ils traitent entre eux, comme si vraiment ils