Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/274

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nisation des entreprises et le régime du capital y affecté ; 3° la protection due aux consommateurs en ce qui concerne les prix et les qualités ; 4° enfin la sauvegarde des intérêts supérieurs de l’humanité, qui exigent ici que ne soient pas gaspillées les ressources de la planète et pour cela qu’un principe d’économie énergétique, d’efficiency, préside à toutes les opérations.

4. Par une telle organisation, esquissée ici dans les grandes lignes seulement et à titre de suggestion, un premier objectif serait atteint : la séparation de l’Économique d’avec le Politique. Il serait reconnu que les fonctions de l’État, organisme essentiellement politique, n’auraient pas, dans l’ordre international, à s’étendre au domaine économique. La protection du droit des individus et le soutien donné à leurs entreprises appartiendrait aux Unions économiques dont tous les particuliers, exerçant les mêmes professions, toutes les entreprises industrielles et commerciales de même nature, pourraient désormais se réclamer. La conséquence serait de « dénationaliser » l’Économique, de déplacer le terrain des antagonismes afin de diminuer les sphères de frottement entre les États, de leur enlever et les tentations et les occasions de poursuivre des conquêtes économiques avec leur puissance d’armement. Ce point est capital. Déjà, à l’intérieur des États, le mouvement est général. On cherche à séparer ce qui est économique de ce qui est politique, on veut y soustraire les services économiques à l’action des assemblées purement politiques, dégager leur budget du budget général, imposer à leur gestion des régies industrielles plutôt qu’administratives. C’est ce mouvement qu’il faut étendre à l’économie mondiale. Le régime féodal a été la fusion de la propriété et de la souveraineté (Guizot). On a aboli ce régime il y a un siècle mais sans poursuivre les conséquences de cette abolition au point de vue de l’État, surtout dans le domaine international. La propriété dominait autrefois le pouvoir ; le pouvoir, en un certain sens, domine aujourd’hui la propriété, c’est-à-dire l’économique. Il faut les séparer, les laisser chacun à eux-mêmes pour le plus grand bien du monde. Aussi, la réforme à accomplir est pleine d’analogies avec celle qui a séparé la politique de la religion, le temporel du spirituel, qui a sorti les intérêts religieux des fonctions de l’État. — Mais en même temps un deuxième objectif serait atteint. Une organisation des pouvoirs dans la société des nations ne peut se contenter de placer directement en face les unes des antres, les forces considérables des États. Considérer les États comme les seuls membres de la communauté humaine, de l’organisme supranational à créer, peut être plein de difficultés. Les questions économiques discutées dans les assemblées mondiales ne seraient pas envisagées en elles-mêmes et au point de vue des intérêts propres qui y sont inclus : mais envisagées, dans leur rapport immédiat ou lointain avec la politique générale et posées dès