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Les États secondaires, suivant leurs intérêts commerciaux, apprendraient les uns l’anglais, les autres le français[1]

261.3. LANGUE INTERNATIONALE. — Le besoin d’un instrument universel d’intercommunication entre les hommes s’est fait surtout sentir à partir du moment où les relations entre les peuples ont pris leur récent développement. Vu l’impossibilité pour le grand nombre de connaître même les rudiments des principales langues actuellement parlées, la proposition a été faite d’adopter une langue unique comme langue auxiliaire internationale, destinée à fournir aux peuples un moyen de meilleure compréhension.

La langue internationale peut être une langue naturelle ou une langue artificielle. Comme langue naturelle, le français a déjà été tenu pour la langue diplomatique. Comme langue artificielle, l’esperanto a créé un vaste mouvement de propagande en sa faveur.

Il faut distinguer l’usage officiel des langues de leur usage privé. Chaque État, dans les communications orales ou écrites qu’il fait à d’autres États, a naturellement le droit de se servir de la langue qu’il veut, et avant tout de sa propre langue. Chaque État, d’autre part, doit désirer d’être compris. De là, d’ancienne date, des accords exprès ou tacites concernant la langue employée dans les communications d’État à État, dans les négociations, dans les entrevues, enfin dans les traités (Rivier).

Le latin était employé au moyen âge comme langue internationale. Au XVIe siècle déjà le français s’emploie. Au XVIe siècle apparaît l’espagnol. Au XVIIe la prépondérance, sinon officielle du moins usuelle du français s’affirme. Les traités internationaux de Paris 1856, Berlin 1878 et 1885, les conventions et déclarations de La Haye, 1899 et 1907, sont en français. La Convention de La Haye 1899, pour le règlement pacifique des conflits internationaux, porte que « le tribunal arbitral décide du choix des langues dont il fera usage et dent l’emploi sera autorisé devant lui ». La Conférence de 1907 a réservé en ce cas aux parties le droit de déterminer dans le compromis, les langues à employer. Dans le règlement qu’elle a fait pour ses travaux, la Conférence a reconnu la langue française comme langue officielle pour les délibérations et pour les actes et elle a décidé que les discours prononcés dans une autre langue seraient résumés oralement en français par les soins du secrétaire général, d’accord avec l’orateur lui-même.

On a aussi proposé l’adoption d’une langue internationale artificielle en invoquant les arguments suivants : a) Plus encore que les races et même que les confessions, la diversité des langues divise les hommes. La légende de la Tour de Label symbolise une réalité toujours actuelle.

  1. Michel Bréal, Le choix d’une langue internationale, « Revue de Paris », 16 juillet 1901.