Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/281

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Il faut chercher à se comprendre les uns les autres. b) Cependant l’homme désire comprendre le plus grand nombre possible de ses semblables et dans ce but, comme dans toute autre manifestation humaine, l’homme suivra la loi du moindre effort. Or les langages nécessaires à l’intercompréhension globale sont une vingtaine, sans parler des idiomes d’Afrique et des patois de l’univers. Le nombre des langues nationales augmente. La disparition croissante de l’analphabétisme transforme de plus en plus d’anciens patois en langues écrites avec leur littérature propre. (Exemple : letton, serbe, bulgare, grec moderne, slovaque, etc.).* Les relations en s’étendant rendent nécessaire de comprendre le chinois et le japonais. D’autre part les langues artificielles sont dix fois plus faciles à apprendre que la plus facile des langues naturelles. Avec une langue internationale, l’effort sera (20 X 10) 200 fois moins grand (Bollack)&nbsp ;[1]. d) Les études philosophiques sur les langues ont mis en lumière les confusions et les illogismes inutiles des langues naturelles (langues sans orthographe phonétique, genre arbitraire des mots variant de langue à langue, idiotismes, etc.). e) L’étude des langages et des littératures montre un progrès naturel de la langue. Pourquoi serait-il arrêté ? et pourquoi ce progrès ne serait-il pas aidé par une langue auxiliaire sur le perfectionnement de laquelle porteraient les efforts de tous. Les nécessités de l’expression scientifique des idées exigent des langues plus rigoureusement construites. Pourquoi l’instrument d’expression des idées qu’est la langue ne se perfectionnerait-il pas indéfiniment comme les idées elles-mêmes (rôle des méthodes graphiques dans les science, non seulement pour l’exposé, mais pour la recherche de la création). f) La langue internationale fera disparaître les barrières qui s’opposent encore de tant de côtés à la diffusion des idées et du progrès. Elle permettra de réduire les frais considérables qu’exigerait la publication en de multiples idiomes des traductions à prévoir pour faire pénétrer dans les pays les plus reculés les notions à répandre. g) Possibilité pratique d’une langue internationale auxiliaire. Toute une série d’essais ont conduit aux propositions actuelles (voir Couturat, Histoire de la langue internationale) : volapuk de Schleyer, monolingue de J. Lott, etc. L’esperanto, de Zamenhoff a démontré sa parfaite viabilité par le nombre de ses adeptes et l’usagequ’ils font de cette langue.

261.5. CONCLUSIONS. — Une convention linguistique internationale devrait décréter : a) Le droit international sans réserve de parler, d’écrire et d’imprimer en toute langue. b) Les garanties minimum à donner aux populations en ce qui concerne l’usage de la langue offi-

  1. On a proposé d’utiliser les gestes, et dde les organiser en un langage international (mimique ou pantomisme international) ; déjà les marins de tous les pays ont des gestes conventionnels, comme ils ont des signaux (Jean Lhomme, En 1916, page 131).