Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des auditoires composés d’une élite d’étudiants, recrutés parmi toutes les Universités. Cette élite est celle qui demain aura partout, dans tous les domaines, la conduite des affaires humaines. Il suffirait de rassembler un pourcent des étudiants ayant achevé leurs études dans les universités nationales. On organiserait pour eux un enseignement semestriel dans l’Université internationale avec pendant tout ce temps une vie commune ; six autres mois seraient consacrés par eux à un voyage autour du monde, avec stations organisées dans les grandes universités nationales, points d’où les contacts seraient établis avec les institutions et les cercles des divers pays. Une telle organisation serait de haute valeur pour la formation des futurs chefs et aussi pour l’éducation d’une diplomatie renouvelée et avertie[1].

267. La Presse.


267.1 CE QU’EST DEVENUE LA PRESSE. — La Presse étend sur toutes les parties du globe le réseau de ses correspondants et l’action de ses organes. Elle est devenue le plus puissant des véhicules de la pensée, l’accompagnement nécessaire de toute organisation politique libre, dont le Gouvernement doit s’appuyer sur l’opinion publique. La Presse est un quatrième Pouvoir dans les États, on pourrait presque dire le premier car les trois autres sont prêts à lui obéir. Maîtresse des affaires, de la fortune, de la destinée des peuples, elle s’arroge pareillement la magistrature des croyances et des mœurs. Sa fonction sociale se dégage cependant : être le Pouvoir informateur ayant pour mission à la fois d’éclairer et d’exprimer l’opinion publique. Pour se représenter à quel point ce rôle est accompli actuellement, il suffit de rappeler qu’il s’imprime annuellement dans le monde 72,000 publications périodiques, journaux et revues. Cette masse énorme d’imprimés est le transmetteur des faits, des idées, des informations, des opinions. Elle agit au loin, ne connaissant pas de frontières. Le journal offre chaque jour à ses lecteurs, le résumé de l’histoire du monde dans les dernières vingt-quatre heures. Pour lui le globe entier n’est qu’un vaste théâtre sur lequel il braque ses objectifs et apporte, à tous en même temps, les mêmes images commentées par les mêmes dépêches et les mêmes communications téléphoniques. Le livre, de son côté, travaille sans cosse à accroître de par l’univers, la somme des notions et des croyances communes. À ces titres, la presse sous toutes ses formes, journaux, revues, livres, doit jouir de la liberté et cette liberté organisée doit s’élever au degré international[2].

  1. Voir projet et discutions dans les Actes du Congés mondial de 1913.
  2. Il existe une Association internationale de la Presse. En 1913 ses travaux ont porté sur le rôle de la presse, notamment dans le but de lutter contre les informations hâtives, erronées, nuisibles (presse sensationnelle). Il existe aussi un Congrès international de la presse périodique, qui a tenu ses sessions en 1910 et 1912.