Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/323

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dait l’institution d’attachés de presse auprès de tous les représentants diplomatiques de l’Allemagne à l’étranger. Dans tous les pays ont fonctionné des bureaux officiels de presse. Ainsi les Allemands donnèrent à l’agence Wolff le monopole des informations officielles. Pendant la guerre plusieurs mouvements nationaux ont été servis, peut-être desservis, par das bureaux de presse (exemple ; Ukranischen Pressbüro, Berlin : Polnischen Pressbüro, Berlin, etc.).

4. Partout la censure a fonctionné durant la guerre comme jamais auparavant. La vérité officielle, pour mieux dire, souvent le mensonge tout au moins par réticence, a été érigé en règle absolue. Des protestations se sont élevées. En France, la pétition des intellectuels au Parlement (pétition du Figaro) en faveur d’une liberté de presse plus grande a conclu ainsi : « Un gouvernement non contrôlé, une assemblée non contrôlée c’est le despotisme. » De son côté, l’Association allemande de la presse, dans sa réunion d’août 1915, prenait une résolution relative à la censure allemande, laquelle, par « son manque d’unité et ses multiples manières d’appréciation, rend la tâche de la presse allemande au service des intérêts patriotiques particulièrement difficile ».

« La censure, a dit le ministre Salandra, est une institution anormale, fastidieuse et désastreuse pour ceux qui la subissent, mais encore plus pour ceux qui l’exercent. Pour mon compte personnel, depuis le jour où il m’a fallu organiser et exercer ta censure, je suis devenu plus qu’avant partisan de la liberté de la presse la plus large. » En Angleterre, lord Selborn, ministre de l’agriculture, disait : « la plus grande erreur que puissent commettre ceux qui ont la responsabilité des nouvelles publiées est de cacher au peuple anglais les mauvaises nouvelles. Il ne devrait jamais y avoir dissimulation des nouvelles désagréables, ni exagération de l’importance des bonnes nouvelles. Les unes et les autres devraient être données exactement dans leur simplicité toute nue. Si quelques-uns de nos compatriotes ne se rendent pas compte de la grandeur de la crise qu’ils ont à surmonter ou des sacrifices qui s’imposent à eux, la faute n’en est pas complètement et exclusivement à eux, mais pour une large part à ceux qui ont si malheureusement commis le crime de dissimuler les mauvaises nouvelles et d’exagérer les bonnes. » — En Allemagne le gouvernement commença par interdire la vente de tous les journaux ennemis. À partir du mois de juin 1915 cette vente fut permise. On a cru voir là un moyen du gouvernement de recourir à « l’autre cloche » pour avertir le public de la situation et préparer une évolution de l’opinion. Ce fait montre combien les gouvernements ont su « jouer » de la presse.

267.3. L’UTILISATION DE LA PRESSE À L’AVENIR. — La guerre a mis en pleine lumière le problème social de l’utilisation