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les Ukrainiens de Galicie, jouissant de libertés que ne connaissaient pas les Ukrainiens de Russie, seraient devenus un centre d’attraction pour ceux-ci. C’était l’existence même de la Russie qui finalement était mise en péril à ses portes. C’est pourquoi le désir de posséder la Galicie ukrainienne (Ruthènes) fut une des causes les plus importantes de la guerre pour la Russie. Ceci est attesté par l’acharnement avec lequel Russes et Austro-allemands se sont disputé la Galicie de longs mois durant et la rapidité avec laquelle les Russes ont procédé à la russification du pays dès qu’ils y eurent mis le pied. D’autre part, l’ultimatum autrichien à la Serbie signifiait la fin de la Serbie et de l’influence russe dans les Balkans. En outre, la mainmise allemande sur l’Asie Mineure causait un très vil mécontentement à Pétrograd. Il y avait aussi le désir de posséder des ports en eau chaude et une hostilité profonde contre les Allemands, hostilité attribuée par ceux-ci à la jalousie que faisait naître le contraste entre la civilisation allemande et l’arriérisme russe[1].

4. L’Italie. Raisons idéales et raisons morales, son passé de civilisation, ses affinités ethniques lui ont dicté la guerre. Raison nationale : achever l’unité italienne par l’incorporation au royaume de Trieste et du Trentin. Désir de rompre avec les empires centraux une alliance qui avait déformé sa vie politique et économique. « L’Autriche abusait de la bonne foi avec laquelle les Italiens imposaient silence à leurs souvenirs et à leurs espérances[2].

5. Les Alliés en général. La France, la Russie et l’Angleterre jugeaient qu’elles avaient, dans leur désir de paix, subi de véritables humiliations et que les Allemands se sentaient par là incités à se montrer toujours plus exigeants. Elles jugeaient que l’ultimatum à la Serbie était un coup préparé entre Vienne et Berlin et exécuté à Vienne ; que la vengeance à tirer de l’assassinat de l’Archiduc héritier et de la propagande panserbe ne servait que de prétexte ; que le but poursuivi, outre l’anéantissement de la Serbie et des aspirations jougo-slaves, était de porter un coup mortel à la Russie et à la France avec l’espoir que l’Angleterre resterait à l’écart de la lutte. C’est ce coup que les alliés voulaient parer.

113. Les causes générales et profondes.


Portant les regards encore plus haut et plus loin, la série des événements marocains et balkaniques n’apparaît elle-même que comme

  1. Alexinski, La Russie et la guerre.
  2. La nostra guerra, par une réunion de professeurs de l’Université de Florence. — Jacques Blainville, La guerre et l’Italie. — Charles de Saint-Cyr, Pourquoi l’Italie est notre alliée.