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grandes associations économiques, déclaration des socialistes et des groupements intellectuels).

De tout quoi le monde retient ceci : que les impériaux ne poursuivent que des fins égoïstes, qu’ils agissent pour satisfaire leurs appétits, qu’ils souhaitent l’hégémonie et la domination, simple extension au monde de leur système autocratique national, qu’ils sont prêts à tout pour imposer un plan d’organisation mondiale méconnaissant le droit égal des autres États.

Devant la réprobation que suscite aujourd’hui la guerre dans la conscience universelle, la question de la responsabilité a acquis une très grande importance morale[1].

L’Europe et l’Amérique se sont passionnées pour cette question. On ne se contente plus de s’en remettre au jugement futur et vague de « l’impartiale histoire ». On veut une réponse précise et immédiate de la question. Son importance s’accroîtrait encore si le débat, comme il est demandé, devait être porté un jour devant le Tribunal de la Haye ou toute autre cour de justice internationale. Il en serait de même si cette responsabilité devait justifier de la part des belligérants attaqués des mesures de « punitions spéciales »[2]. L’idée qu’un peuple ayant forfait mérite un châtiment se dégage et se précise. On demande une punition sévère, rigoureuse, mais équitable et non vindicative.

13. MÉTHODES ET PROCÉDÉS DE GUERRE



La guerre entreprise dans les conditions qui viennent d’être dites a produit des effets épouvantables. Pour s’en rendre bien compte, un coup d’œil est nécessaire sur les moyens de la guerre moderne.

Avec le temps les méthodes de combat ont été en se perfectionnant. À toute époque l’homme s’est battu avec tous les moyens moraux qu’il avait à sa disposition. Les forces de toute nature qu’il détenait en temps de paix, il les utilisait en temps de guerre[3]. La guerre actuelle

  1. Il faut souvent un examen très attentif avant de pouvoir déclarer qui est le véritable agresseur. En 1870, bien que la France eût déclaré la guerre, c’est Bismarck qui a préparé L’agression, D’autre part, dès 1858 Napoléon III était d’accord avec Cavour pour aider les Italiens à chasser Les Autrichiens d’Italie, mais il eut soin d’attendre jusqu’à 1859 que L’Autriche, par ses maladresses diplomatiques, se fût isolée de l’Europe et se donnât l’apparence d’être l’agresseur(Seignobos).
  2. On a suggéré divers châtiments outre ceux qui toucheraient au corps même de la nation : châtiment à exercer contre les individus coupables de l’attentat commis contre l’humanité, exil de quelques milliers de dirigeants, condamnation d’autres, déchéance des souverains, voire des dynasties, etc.
  3. L’histoire technique de la guerre possède une riche littérature. Les musées lui ont fait une large place ; les musées d’armes (notamment Invalides à Paris, Zeughaus à Berlin, Alméria à Madrid) ; la collection historique du musée de